Réaliser un bâtiment compact, à l’empreinte écologique limitée, à faible consommation d’énergie, où près de 2 000 étudiants devaient pouvoir travailler, se rencontrer et circuler facilement : voilà le défi qu’avait lancé l’Université d’Anvers. Les architectes de META l’ont relevé et ont marqué le Bâtiment O de leur philosophie, tel un manifeste. Même les plaques de plâtre à l’intérieur correspondaient à leur réflexion. Comment ? Lisez la suite.
Les architectes
Lorsqu’ils ont fondé leur bureau en 1991, ce n’est pas par hasard que Niklaas Deboutte et Eric Soors l’ont baptisé META. Car chez META, on réfléchit à l’architecture de l’architecture. Une approche confirmée par la position pragmatique et résolue que le bureau occupe aujourd’hui en Flandre. L’idée est de remettre continuellement en question des principes sclérosés en repensant l’architecture à la source, en partant directement du processus de construction et en dissociant forme et architecture. META s’est donné pour mission d’inclure la logique dans le processus de réflexion qui mène à l’architecture, sans tenir compte de paramètres arbitraires. META voit l’architecture comme une forme d’artisanat, où l’on recherche la meilleure solution pour chaque question spécifique.
Le Bâtiment O
Cette philosophie se reflète parfaitement dans le Bâtiment O de l’Université d’Anvers, un projet réalisé par META en association avec Storimans Wijffels architectes. Bien ancré dans son environnement, le bâtiment se veut clair, minimaliste, compact et un lieu de passage.
Il se trouve au cœur du campus Drie Eiken à Wilrijk, où la présence de l’ancien Fort 6 de Brialmont est encore visible et palpable au nord, et qui est bordé par l’hôpital universitaire et ses bâtiments annexes au sud. Sur l’axe principal, entre ces deux parties du campus, trône désormais le Bâtiment O, conçu comme le chaînon manquant
Le défi
Les concepteurs se sont retrouvés face à un défi de taille : limiter au maximum l’empreinte spatiale du bâtiment pour conserver l’espace extérieur et en optimiser les valeurs énergétiques. Mission quasi impossible. D’autant plus que le bâtiment devait abriter huit auditoires, deux salles de microscopie, un espace bio et une salle de travaux pratiques, tous voués à une fréquentation intense. Il a donc fallu réfléchir à la circulation dans le sens horizontal, mais aussi vertical.
Un bâtiment-manifeste
Le bâtiment se profile aujourd’hui comme un manifeste. META tenait à en faire « un catalyseur réunissant des qualités environnementales et les fonctions demandées, et formant un lieu inspiré par et pour les étudiants. L’atrium central, autour duquel s’articulent ingénieusement les auditoires, entre autres, constitue le cœur battant du bâtiment. »
Pour la façade iconique, META a fait appel à l’artiste Perry Roberts, qui a imaginé une photo d’un groupe d’étudiants souriants, poinçonnée sur des plaques d’aluminium dorées en cinq diamètres différents au moyen de la technique du fraisage CNC.
Les panneaux perforés de la façade font office de pare-soleil, tout en laissant filtrer la lumière du jour dans les locaux. À la demande des enseignants, les panneaux du troisième étage peuvent s’ouvrir.
Symétrie miroir au rez-de-chaussée
Les colonnes du rez-de-chaussée, qui soutiennent les étages supérieurs, donnent une impression de transparence et d’ouverture. Le bâtiment est doté de deux halls d’entrée, imaginés comme des espaces de rencontre et réfléchis en une symétrie diagonale, d’où partent quatre cages d’escalier compactes garantissant une circulation facile et des trajets d’évacuation rapides.
Les deux espaces de rencontre et les fonctions secondaires sont reliés entre eux par l’atrium central autour duquel s’articulent tous les espaces : quatre auditoires au niveau -1, quatre auditoires aux niveaux +1/+2, ainsi qu’un service de reprographie et un garage à vélos au rez-de-chaussée. Le dernier étage (+3) est réservé aux salles de microscopie et de travaux pratiques. Le vide du hall central, qui va du sous-sol au toit et diffuse la lumière naturelle jusqu’au cœur du bâtiment, assure la jonction entre les étages, mais aussi entre les différentes fonctions.
Près de 2 000 étudiants des facultés de médecine et sciences de la santé, pharmaceutique, biomédicale, des sciences vétérinaires et de biologie s’y côtoient quotidiennement, dans un cadre technologique des plus modernes.
Un bâtiment résistant aux étudiants
META se plaît à appliquer le principe de « la construction, c’est la finition », qui limite les besoins de parachèvement. Il en résulte une construction robuste, sans luxe superflu pour les étudiants. Les matériaux bruts des murs et des sols ont toutefois donné lieu à une correction acoustique réalisée au moyen de plaques de plâtre perforées Gyproc® Rigitone®, qui apportent une touche esthétique supplémentaire.
Lorsqu’on franchit le seuil du bâtiment, la transition se fait progressivement des matériaux à l’aspect plus dur et rude vers des textures plus douces. Parmi les matériaux choisis, citons du multiplex pin jaune pour les balustrades, les portes intérieures et les revêtements muraux, ainsi que de l’inox poli bri
Une équipe solide
Le donneur d’ordre, l’Université d’Anvers, avait une vision à long terme claire et univoque, attachant une grande importance à la durabilité et à la simplicité de gestion. Tractebel (membre de l’association temporaire avec laquelle META a remporté le concours) a joué un rôle crucial dans l’obtention de bonnes valeurs énergétiques. De même, l’entrepreneur Atro ne s’est pas limité à son rôle d’exécutant. L’ensemble du projet a été modulé par META sur 1m20. Tous les joints se fondent parfaitement dans les façades, les sols et les plafonds. Même l’éclairage, le mobilier, les escaliers, etc., bien rythmés, n’ont pas été laissés au hasard.